Article rédigé par
Dr Pouyol, vétérinaire NAC dans la région de Lille (59700 Marcq-en-Barœul)
et Pierre-Maxime Delattre, étudiant vétérinaire
Introduction
La Syphilis du lapin, également appelée Tréponémose ou Tréponématose, est une infection bactérienne
peu fréquente sexuellement transmissible chez le lapin.
Elle est due à une bactérie proche de celle responsable de la syphilis humaine (Treponema pallidum)
mais ce n’est pas une zoonose (pas de transmission aux autres animaux domestiques et à l’Homme).
1. Cause de la maladie et modes d’infection:
La maladie est causée par une bactérie spiralée : Treponema paraluiscuniculi.
La transmission est essentiellement vénérienne (par voie sexuelle, via l’accouplement par exemple) mais elle se fait également par n’importe quel contact direct entre lapins. Certains lapins sont porteurs asymptomatiques, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas de symptômes mais qu’ils portent la bactérie sur eux. Cela explique que certains lapins, vivant seuls, déclenchent parfois la maladie très longtemps après leur dernier contact avec un autre individu.
2. Symptômes et diagnostic
Les symptômes caractéristiques de la syphilis du lapin sont des lésions des jonctions entre la peau et les muqueuses en régions génitale et de la tête. La période d’incubation est longue, de 3 à 6 semaines. Les lésions sont caractérisées par :
-
Des lésions ulcéreuses et croûteuses sur la face (régions péri-oculaire, péri-buccale, péri-nasale voire sur les oreilles) et sur la région périnéale (organes génitaux externes).
-
Une possible difficulté respiratoire causée par l’obstruction des narines par les croûtes péri-nasales.
-
L’état général n’est généralement pas altéré.
Le diagnostic se base sur les signes cliniques typiques et une réponse favorable au traitement.
Un diagnostic de certitude peut être établit par :
-
Analyse histologique d’un prélèvement de peau lésée.
-
Examen microscopique direct (sur fond noir) du liquide obtenu d’un nettoyage au sérum physiologique des lésions de peau situées sous les croûtes.
-
Tests sérologiques utilisés pour le dépistage de Treponoma pallidum (Syphilis humaine) et préconisés par certains auteurs.
3. Diagnostic différentiel
Les symptômes de la syphilis peuvent faire penser à un certain nombre de maladies avec lesquelles elle ne doit pas être confondue. Il faut différencier la syphilis :
-
D’atteinte par des parasites externes (gale par exemple),
-
D’atteinte fongique comme la teigne,
-
D’atteinte virale et en particulier la myxomatose,
-
D’autres infections bactériennes (staphylocoques et streptocoques) même si ces infections ne se limitent généralement pas aux jonctions cutanéomuqueuses. Enfin, un coryza présente des symptômes proches de ceux de la syphilis mais la région génitale ne sera pas atteinte.
4. Traitement et prévention
Le traitement de la syphilis est basé sur l’utilisation d’antibiotiques. Le protocole classique consiste à injecter 3 fois à une semaine d’intervalle de la Pénicilline G-procaïne (forme retard de la pénicilline à raison de 40 000-50 000 UI/kg) en injection sous cutanée. A noter que la pénicilline ne doit pas être donnée par voie orale chez le lapin sous peine de causer des troubles digestifs sévères. Dans la littérature, des protocoles utilisant des tétracyclines ou du chloramphénicol semblent également efficaces mais moins sélectifs (spectre antibiotique large).
La prévention de l’infection consiste à retirer de la reproduction les individus atteints et de les isoler de leurs congénères le temps du traitement. Tous les lapins doivent être traités, y compris ceux ne présentant pas de lésions.
Les lésions disparaissent généralement en 10 à 14 jours et les lapins peuvent être remis à la reproduction sans danger après la fin du traitement.
5. Liens et bibliographie
-
Keith A. Hnilica, A. Laprais, P.Prélaud, 2013, Atlas de dermatologie chien, chat et NAC: Symptômes – Diagnostics – Thérapeutique.,Elsevier Masson
-
F. Hébert, C. Bulliot.2014. Guide pratique de médecine interne chien, chat et NAC 4e édition. Med’com
-
L. Jepson. 2016. Exotic animal medicine, a quick reference guide, second edition. Elsevier
Leave a Reply