Parasites internes les plus courants chez le lapin de compagnie (Relu par RevelNAC)

Cet article a été relu par l’association RevelNAC (Association de vétérinaires spécialisés en NAC) : http://www.revelnac.fr/

 

A. E.Cuniculi – Encéphalitozoonose

Encephalitozoon cuniculi est un microsporozoaire plus connu sous le nom d’E.Cuniculi et provoquant la maladie dite « Encéphalitozoonose ».

Il infecte principalement le lapin mais peut contaminer d’autres rongeurs, le chat et rarement des humains immuno-déprimés. La contamination se fait via l’urine véhiculant les spores.

Il existe 3 formes couramment décrites :
- Atteinte neurologique : troubles nerveux (tremblements, convulsions, nystagmus, syndrome vestibulaire, troubles de l’équilibre et locomoteurs, parésie, paralysie, malpropreté urinaire…)
- Atteinte rénale : le parasite provoque des lésions granulomateuses dans les reins, les troubles peuvent aller de la néphrite à l’insuffisance rénale.
- Atteinte ophtalmique : le parasite se loge dans le cristallin alors que le lapin est encore au stade de foetus in utero. Plusieurs mois après la naissance, le parasite ayant pu se multiplier dans la cristallin, il entraîne sa rupture. Un seul œil est le plus souvent atteint, les troubles vont de l’uvéite à l’abcès pouvant envahir l’intégralité de l’œil. Le traitement conservateur de l’oeil est possible : il consiste à retirer le cristallin infesté par phaco-émulsification. Cela permet de sauver l’oeil.

Le diagnostic n’est jamais simple. Il n’existe pas de test permettant d’incriminer avec certitude que le parasite mis en évidence est bien à l’origine des symptômes observés. Cela signifie qu’en pratique, c’est un faisceau d’éléments favorables et l’exclusion des autres causes qui permettent d’évoquer l’encéphalitozoonose :
-  Les signes cliniques peuvent être très évocateurs mais il faut établir un diagnostic différentiel des troubles neurologiques, oculaires, de l’oreille moyenne. La toxoplasmose est par exemple souvent recherchée conjointement à l’encéphalitozoonose lors de troubles nerveux.
-  Détection des anticorps par sérologie (ELISA, recherche des anticorps) est également un élément en faveur de la maladie. La détection des anticorps témoigne d’un contact du lapin avec le parasite : cela ne permet pas de certifier que le parasite est encore là ou que, bien qu’étant présent, il est à l’origine des signes observés.
-  La recherche par PCR du matériel génétique d’E.cuniculi est décevante. Le parasite n’est détectable que de manière très furtive dans les urines, pendant une courte période après l’infection où son excrétion est intermittente. Ce test ne permet donc pas d’écarter la maladie. La PCR s’avère être fiable et particulièrement indiquée sur un seul type de prélèvement : sur le cristallin infesté après son retrait en chirurgie oculaire (phaco-émulsification si l’on conserve l’oeil ; ou énucléation si l’oeil infecté et douloureux doit être retiré). La PCR n’est pas fiable sur le sang, les selles, le liquide céphalo-rachidien ou l’humeur aqueuse (« liquide oculaire »). La présence d’anticorps signe un contact avec le parasite. Un taux élevé (seuil variable selon le laboratoire concerné et la technique utilisée) traduit généralement une multiplication parasitaire en cours (ce qui, encore une fois, ne confirme pas l’implication du parasite dans les symptômes explorés. Rappelons que ce parasite aime à se multiplier chez un individu immuno-déprimé, donc pouvant tout à fait souffrir de plusieurs maladies en même temps). Les IgM signent une infection récente, tandis que les IgG démontrent une infection ancienne (pouvant se réactiver). La majorité des lapins ont été exposés au parasite, et sont donc porteurs du parasite avec un taux d’IgG décelable. Il est utile de renouveler la sérologie (= recherche des anticorps) pour pouvoir confirmer l’implication du parasite dans le tableau clinique observé.

En cas de troubles de l’équilibre, il est important d’adapter l’habitat pour protéger le lapin, éventuellement le contenir et éviter qu’il ne panique et ne se blesse. CF : Adapter l’habitat dans les syndromes vestibulaires – Mag 7

Une consultation vétérinaire rapide est indispensable car il est important de mettre en place un traitement le plus rapidement possible pour donner au lapin des chances de récupération. Le traitement associe un antiparasitaire réputé actif contre le parasite et un anti-inflammatoire. En effet, les signes cliniques sont à la fois provoqués par la multiplication parasitaire et la réaction inflammatoire de l’organisme. Si le diagnostic est posé, l’antibiothérapie n’est pas indiquée. Elle n’est prescrite que si l’exploration du diagnostic différentiel n’a pas été effectuée.

Il n’existe pas de traitement préventif contre l’encéphalitozoonose. L’utilisation de fenbendazole deux à quatre fois par an est intéressante car cet antiparasitaire possèderait une action sur ce parasite mais surtout, parce qu’il est un antiparasitaire interne à spectre large, bien toléré, qui contribue à améliorer l’état général du lapin en limitant les infestations parasitaires (au sens large). Et si le lapin est en meilleure santé, son système immunitaire est plus à même de ne pas laisser le parasite E. cuniculi se multiplier.

 

B. Toxoplasmose

Toxoplasma Gondii est un protozoaire intracellulaire. Son hôte de prédilection est le chat mais il peut aussi contaminer les autres espèces dont le lapin et l’homme. Le lapin ne transmet PAS la toxoplasmose dans ses crottes. Le chat est le seul à transmettre la maladie via ses selles. La contamination peut également se faire via les végétaux contaminés et les animaux mangés consommés pour leur viande.

Les lapins peuvent développer la maladie dont les signes cliniques sont très variables.

La forme chronique de la maladie touche plutôt les sujets âgés ou immunodéprimés. Les signes cliniques ne sont pas clairement établis chez le lapin. Ils pourraient consister en une perte de poids, anorexie, perte de coordination des mouvements, paralysie des membres postérieurs, méningo-encéphalite (pouvant passer pour une encéphalitozoonose). La forme aigüe touche plutôt les jeunes lapins. Les signes sont de la fatigue, anorexie, température, écoulement au niveau des yeux et du nez, respiration rapide, tremblements et parfois torticolis, puis paralysie et convulsions jusqu’au décès du lapin.

Examens (observation des signes cliniques et sérologie IgG et IgM) et traitements médicamenteux sont indispensables pour soigner la toxoplasmose.

 

C. Coccidiose

Les coccidies sont des protozoaires parasitant le tube digestif. Il existe deux formes de la maladie selon le parasite impliqué : hépatique (rare) ou intestinale (la plus fréquente).

Un lapin peut être porteur asymptomatique (pas de signe clinique) mais contaminer d’autres lapins. La contamination se fait via les crottes, rejetant avec elles les œufs, qui vont infester le foin, la verdure et l’eau. Les œufs ingérés libéreront des formes résistantes dans l’estomac puis le parasite se développe envahissant la paroi intestinale.

La maladie se développe notamment en cas d’immuno-dépression, lorsque le lapin est jeune, stressé ou malade. Les signes cliniques sont : douleurs abdominales, baisse de l’appétit, perte de poids, diarrhées pouvant aller jusqu’au décès. Chez les jeunes surtout, on peut retrouver du mucus dans les excréments et un ventre gonflé.

Le diagnostic de la coccidiose peut être difficile à établir et le traitement long et difficile si le lapin est infecté depuis longtemps.

 

D. Les vers

Différents vers sont susceptibles de contaminer le lapin :
- Les vers plats ou Cestodes et Nématodes. Ex : Ténia (rare chez le lapin mais il peut être contaminé via les excréments de chien sur le fourrage), Douves.
- Les vers ronds ou Nématodes. Ex : Oxyures ( dont Passalurus ambiguus, ver le plus fréquent chez le lapin de compagnie), Strongles.

L’infestation par des vers peut provoquer des troubles variés allant d’une atteinte non visible, à un amaigrissement, des diarrhées, le décès du lapin.

La contamination se fait directement par les excréments infestés ou le fourrage souillé par les excréments.

Des traitements antiparasitaires internes réguliers sont recommandés. Un vermifuge ne protège jamais d’une contamination ultérieure : il traite une infestation à l’instant t mais ne peut en aucun cas prévenir une infestation future. Le rythme des vermifugations est à adapter au mode de vie du lapin : l’accès à l’extérieur, la consommation de végétaux frais (notamment cueillette sauvage ou potager domestique) et la cohabitation avec d’autres animaux justifient une vermifugation à spectre large au moins deux à quatre fois par an. De manière générale, il est recommandé de traiter tous les animaux de la maison au même moment. La molécule à utiliser est adaptée par le vétérinaire en fonction des risques identifiés.

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